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Reproduction : Identification chez les plantes d’une pièce manquante du puzzle de la recombinaison méiotique

MTOPVIB, une nouvelle protéine longtemps recherchée responsable des cassures double-brin d’ADN

Au cours de la reproduction sexuée, la recombinaison méiotique est initiée par la formation de nombreuses cassures de l’ADN. l'équipe IJPB, INRA de Mathide Grelon et Christine Mézard, en collaboration avec l’Université Paris Diderot et l’Institut Pasteur, a identifié MTOPVIB, une protéine longtemps recherchée du complexe enzymatique responsable de cette étape. Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur les mécanismes moléculaires de la reproduction, elle est publiée le 26 février dans Science.

Etape clé de la méiose, la recombinaison méiotique permet le brassage de l’information génétique et la répartition équilibrée des chromosomes parentaux lors de la formation des gamètes. Elle est initiée par la formation d’un très grand nombre de cassures double-brin de l’ADN chromosomique. Depuis la fin des années 1990, il est communément admis que leur formation est catalysée par une protéine spécifique, SPO11.

SPO11 est apparentée à la sous-unité A de protéines d’archées, les topoisomérases VI (ou TopoVI), lesquelles régulent la topologie de l’ADN. Les TopoVI sont actives sous forme de tétramères composés de deux sous-unités A et de deux sous-unités B. Chez la plante modèle Arabidopsis thaliana, ce sont deux protéines apparentées à la sous-unité A, SPO11-1 et SPO11-2, qui sont nécessaires à la formation des cassures double brin de l’ADN. Jusqu’à présent, aucune protéine homologue à la sous-unité B et impliquée dans la formation des cassures double-brin n’a pu être identifiée.

Une nouvelle protéine responsable des cassures double-brin d’ADN
L'équipe IJPB, INRA de Mathide Grelon et Christine Mézard, en collaboration avec l’Université Paris Diderot et l’Institut Pasteur, a exploré une collection de mutants d’A. thaliana dont la fertilité et le développement des gamètes mâles et femelles étaient affectés. Ils se sont plus particulièrement intéressés à l’un d’entre eux qui présentait une méiose défectueuse. L’analyse de ce mutant a permis aux scientifiques d’identifier une nouvelle protéine responsable des cassures double-brin de l’ADN. Très conservée chez les plantes à fleurs, elle présente des homologies structurales très significatives avec la sous-unité B des TopoVI d’archées et a été nommée en conséquence, MTOPVIB (en anglais Meiotic TOPoisomerase VIB-like).

MTOPVIB, indispensable à l’interaction entre SPO11-1 et SPO11-2
La similarité de SPO11 (11-1 et 11-2) avec la sous-unité A de TopoVI et celle de MTOPVIB avec la sous-unité B de TopoVI a conduit les chercheurs à analyser les relations entre ces protéines. Ils ont ainsi mis en évidence que MTOPVIB interagit avec les extrémités N-terminales des protéines SPO11-1 et SPO11-2, permettant la formation d’un complexe entre ces dernières.
Forts de ces observations, les scientifiques proposent que le complexe catalytique nécessaire à la formation des cassures double–brin au cours de la méiose adopte une configuration semblable à celle du complexe TopoVI des archées et implique deux sous-unités MTOPVIB et deux sous-unités SPO11 (SPO11-1 et SPO11-2). Ce complexe aurait ainsi évolué à partir d’un complexe originel, présent chez les ancêtres communs des eucaryotes et des archées.

Ces travaux, au-delà du fait qu’ils aient permis de caractériser une nouvelle protéine de cassure double-brin de l’ADN, MTOPOVIB, montrent que celle-ci a un rôle crucial dans l’assemblage du complexe catalytique qui préside à cette étape. Ils éclairent d’un jour tout à fait nouveau les mécanismes moléculaires et évolutifs qui interviennent au cours des premières étapes de la méiose.

Communiqué de presse INRA


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Reproduction : Identification chez les plantes d’une pièce manquante du puzzle de la recombinaison méiotique
La partie basale - catalytique - du complexe serait formée par l’association de deux protéines SPO11 (bleu), dont l’association est sous le contrôle de deux protéines MTOPVIB (jaune). © Institut Pasteur, Claudine Mayer

Contacts scientifique
:
Mathilde Grelon (01 30 83 33 08) Institut Jean-Pierre Bourgin (Inra, AgroParisTech)

Département scientifique associé :
Biologie et amélioration des plantes

Centre associé :
Ile-de-France-Versailles-Grignon

Contact(s) presse :
Service presse INRAE (01 42 75 91 86)

Référence :
Nathalie Vrielynck, Aurélie Chambon, Daniel Vezon, Lucie Pereira, Liudmila Chelysheva, Arnaud De Muyt, Christine Mézard, Claudine Mayer, Mathilde Grelon. A DNA topoisomerase VI-like complex initiates meiotic recombination. Science.351(6276):939-43. doi: 10.1126/science.aad5196 (PubMed Abstract)