Après une formation d’Ingénieur Agronome effectuée à l’Institut National Agronomique Paris-Grignon (aujourd’hui AgroParisTech), j’ai réalisé ma thèse de doctorat dans le Laboratoire de Biologie des Semences de l’INRA de Versailles (2000-2003). J’ai complété ma formation par un post-doctorat (2004-2005) au Centre for Novel Agricultural Products de l’Université de York (UK). Recruté comme chercheur par le CNRS en 2006, je travaille depuis à l’Institut Jean-Pierre Bourgin - Sciences du Végétal (IJPB), au sein de l’équipe SEEDEV, où j’anime une thématique de recherche autour du métabolisme des acides gras dans la graine oléagineuse. Depuis 2015, je suis Directeur de Recherche CNRS.

Le projet de recherche que j’anime s’articule autour de l’étude du métabolisme des acides gras dans les graines oléagineuses. Les graines constituent une structure essentielle dans le cycle de vie des plantes à fleurs. Elles permettent aux plantes d’interrompre momentanément leur cycle de vie pour affronter des conditions environnementales peu favorables (e.g. période hivernale). Mais elles sont également adaptées à la dissémination des espèces aussi bien sauvages (pour la conquête de nouveaux territoires) que cultivées (elles constituent le vecteur de propagation le plus communément utilisé dans nos pratiques agricoles). Pour remplir leurs fonctions, les graines accumulent une quantité importante de ressources nutritives carbonées et azotées qui sont mobilisées par la jeune plantule juste après la germination. Parmi les différents types de réserves carbonées existantes (amidon, lipides de réserve), les lipides sont ceux qui sont susceptibles de restituer la plus grande quantité d’énergie lorsqu’ils sont remobilisés. C’est pourquoi un grand nombre d’espèces, dites oléagineuses, accumulent durant le développement de la graine des triacylglycérols, faits d’acides gras acylés sur un squelette de glycérol. Mes collaborateurs et moi-même étudions la biodiversité des acides gras stockés dans les graines, leurs voies de biosynthèse et la régulation de celles-ci. Nous utilisons pour cela des collections de graines d’origines diverses. L’espèce Arabidopsis thaliana demeure notre modèle privilégié pour les approches de génétique et l’étude de la régulation du métabolisme lipidique.

Intérêts socio-économiques
Cette thématique de recherche fondamentale s’inscrit dans un contexte socio-économique où les huiles d’origine végétale représentent un enjeu stratégique dont l’importance ne cesse de croître.
- Ceci s’explique avant tout par la forte demande en huiles végétales pour la nutrition humaine, qui a progressé de manière exponentielle depuis un demi-siècle. Cette tendance s’explique par une croissance démographique mondiale soutenue d’une part, et par les changements importants de régimes alimentaires observés dans différentes régions du globe d’autre part. De la même manière, les questions liées à l’impact de la composition en acides gras des huiles alimentaires sur la santé humaine n’ont jamais été aussi prégnantes.
- Parce que les acides gras constitutifs des huiles végétales sont des chaines carbonées dont la structure est relativement comparable à celle des hydrocarbures fossiles, ces huiles peuvent également être utilisées pour la production de biocarburants.
- Certains acides gras présents dans les huiles végétales présentent des fonctionnalités chimiques particulières qui font d’eux des matériaux particulièrement adaptés à la chimie de synthèse (pour la production de lubrifiants, vernis, peintures, plastiques). Si la part des huiles végétales utilisées pour la ‘chimie verte’ demeure restreinte, les filières concernées prennent peu à peu de l’ampleur car elles offrent des alternatives durables à la pétrochimie.
- D’un point de vue agronomique, la composition des huiles végétales est susceptible d’impacter la physiologie des semences (e.g. perte de viabilité des graines au cours du vieillissement en lien avec l’oxydation lipidique, vigueur germinative en conditions environnementales suboptimales influencée par la composition en acides gras), et par conséquent les rendements agricoles. Ces aspects sont également essentiels à prendre en compte pour la préservation de la biodiversité lorsque celle-ci s’appuie sur la constitution et l’entretien de banques de graines, comme en témoignent de nombreuses initiatives à travers le monde.